
Exprimer ses besoins plutôt que de revendiquer son appartenance à une catégorie.
Lorsque l’on revendique son appartenance à une catégorie, cela peut être utile pour trouver un soutien et une communauté qui partage des expériences similaires. Cependant, cela ne donne pas nécessairement d’indications précises sur les besoins individuels de chacun au sein de cette catégorie.
En exprimant ses besoins, on donne des informations claires et spécifiques sur ce qui est important pour soi, ce qui permet à l’interlocuteur de mieux comprendre les attentes et les demandes de la personne. Cela peut également permettre de mieux résoudre les problèmes et de trouver des solutions adaptées aux besoins individuels, plutôt que de généraliser les besoins de toute une catégorie.
Quand nous parlons de diversité cognitive, nous avons tendance à évoquer uniquement les profils atypiques en les catégorisant : profil à haut potentiel, personne autiste, personne hypersensible… En les catégorisant ainsi, on enferme ces personnes dans une case.
Au Collectif Atypique, nous partons du principe que raisonner au niveau des besoins de chacun apporte plusieurs avantages :
- Raisonner en termes de solutions et non plus en termes de problèmes.
- Éviter les échanges d’opinions interminables.
- Se mettre à la place de l’individu concerné et d’être ainsi plus à l’écoute de ses besoins spécifiques.
- Développer et favoriser un système d’inclusion pérenne.
Plutôt que de chercher à catégoriser un individu, on peut se demander simplement quels sont ses besoins.
En cataloguant une personne dans un type de profil, on aura souvent tendance à lui attribuer toutes les caractéristiques connues, positives ou négatives, dudit profil, autrement dit, à tomber dans le préjugé.
De son côté, la personne, en exprimant ses besoins, n’a plus besoin de raisonner en terme d’appartenance à une catégorie ou à une identité. Elle est une personne à part entière et donc unique.
La personne à profil atypique peut se poser la question de savoir si elle doit dévoiler ou non son profil singulier. Plutôt que de raisonner de façon binaire on peut élargir le questionnement: « Ai-je besoin de dire au monde entier mon attribut pour que les autres comprennent qui je suis ? Ont-ils besoin de savoir que je suis singulier pour apprendre à me connaitre, pour comprendre comment je fonctionne ? »
Dès lors que nous exprimons nos besoins, il n’est plus essentiel de savoir si nous appartenons à telle ou telle catégorie.
L’essentiel est de savoir déterminer quels sont nos besoins et de quoi avons-nous besoin pour y répondre.
Sortir de la logique d’appartenance à une catégorie permet simplement de sortir de la confrontation d’opinions ou des affirmations erronées : « les personnes autistes sont comme ça… ». On ne cherchera plus à savoir si les caractéristiques communes d’une catégorie sont celles-ci ou celles-là, mais à comprendre les besoins réels de l’individu.
Lorsque la personne avec un profil atypique exprime ses besoins sans vanité ou complexité, il devient difficile de les remettre en question.
Est-il plus important de savoir que telle personne est autiste et de calquer un ensemble de caractéristiques génériques sur sa personnalité ou de connaitre ses modes de fonctionnement, d’apprentissage, de mémorisation ou sa sensibilité ?
En s’efforçant d’appréhender la singularité de chacun, on pourra ainsi éviter de tomber dans le biais de confirmation où on interprétera l’ensemble des comportements de la personne d’après le prisme des caractéristiques génériques de telle ou telle catégorie.
Les notions sur les profils atypiques peuvent être difficiles à appréhender pour une personne n’étant pas sensibilisée au sujet.
Quelle que soit la catégorie à laquelle un individu appartient, la personne concernée ne partage pas toutes les caractéristiques à la lettre d’un profil et surtout, elle a également sa personnalité, son vécu et son propre environnement.
En évitant de catégoriser les personnes, on ne les identifiera plus à un profil- type et l’on pourra raisonner et agir en fonction de leurs besoins réels et développer un système d’inclusion pertinent.
Il existe trois prérequis pour cela :
- Former et sensibiliser largement à la logique des besoins et des adaptations.
- Développer une culture basée sur la diversité.
- Instaurer un art du dialogue où chacun peut aisément exprimer ses besoins.
Il n’est ainsi plus question de raisonner en terme de différence mais en terme de singularité. Aussi, il est important de capitaliser sur la complémentarité et sur la diversité des profils cognitifs. C’est en incitant chaque personne à réfléchir sur son mode de fonctionnement et à exprimer ses propres besoins que l’on pourra sortir de la logique de catégorisation.
Bien évidemment les bilans et les diagnostics permettent de comprendre les modes de fonctionnement atypiques.
C’est en apprenant nos modes de fonctionnement que nous pouvons en déduire nos besoins. Plutôt que de se fixer sur une différence quelconque, on peut réfléchir à ses besoins en gardant à l’esprit que nous sommes tous des êtres singuliers.
Comprendre que nous avons des besoins différents, c’est faire un premier pas vers l’inclusion en admettant que la personne n’appartient pas à telle ou telle catégorie mais qu’en tant qu’être humain elle a ses propres besoins et qu’elle est singulière.
Lorsqu’une personne peut parler de ses besoins, il n’est plus nécessaire de la catégoriser et de la comparer de manière hasardeuse.
On accepte ainsi que chaque personne, avec ses besoins, ses forces et son regard sur le monde, soit en mesure de développer son plein potentiel et puisse s’épanouir, se réaliser pleinement et trouver sa place dans la société.